Le nom des gens.

Cela fait pas mal de temps que ce titre était griffonné dans un de mes carnets sous un « Films à voir ». Si j’avais su que je l’aimerais autant, j’aurais peut-être attendu encore un peu.

Bahia Benmahmoud, pasionaria des temps modernes, est la seule à porter ce nom en France. Arthur Martin, comme celui des cuisines, a une tripotée d’homonymes. C’est une jeune femme extravertie, lui un quadragénaire discret. Elle couche avec ses ennemis politiques (en gros, tous les types de droite) pour les convertir à ses idées de gauche. Il est adepte du principe de précaution, tant dans sa vie professionnelle que privée. Avec un nom et un métier pareil (il est spécialiste des oiseaux, surtout malades et morts), Bahia verra d’abord en lui un facho potentiel…

Ce film donne envie de tomber amoureux, de voter, de rire et de se balader sans soutien-gorge (enfin non, mais comme cela semble dans l’air du temps…). La gorge, il la serre aussi (fort) le temps de quelques scènes. Il parle de politique, de famille, de liberté, d’héritage, d’identité nationale et tout court. Et il fait tout cela incroyablement intelligemment. Ses excès (car il y en a) servent son propos et le plaisir du spectateur. Les comédiens (Sara Forestier et Jacques Gamblin bien sûr, mais aussi Zinedine Soualem, Carole Franck, Jacques Boudet, Michèle Moretti…) sont excellents. Et puis, il y a d’adorables manières : lorsque l’on adopte le point de vue amoureux d’Arthur sur Bahia, on passe au Super 16 (le film a été tourné en HD) à la texture sensuelle et chaleureuse…

Cela fait longtemps qu’un scénario ne m’avait pas autant emballé. Michel Leclerc et sa co-scénariste et compagne Baya Kasmi signent une comédie politique lumineuse, inventive, rythmée, engagée et impertinente. J’ai aimé, vraiment, simplement. Ces noms là me rappellent que je n’aime pas le cinéma pour ses génies, mais pour ses gens.